Jacques Villeret, de son vrai nom Jacky Boufroura, était bien plus qu'un simple acteur. Il était une figure incontournable du cinéma français, un artiste qui a su toucher le cœur du public grâce à son talent brut, sa sensibilité à fleur de peau et son humour inimitable.
Jeunesse et Débuts Difficiles
Né le 6 février 1950 à Tours, Jacques Villeret grandit dans une famille modeste. Son père, d'origine algérienne, travaille comme boulanger, tandis que sa mère tient un café. Passionné par le spectacle dès son plus jeune âge, il s'inscrit au conservatoire de Tours à l'âge de 10 ans. Après avoir obtenu son baccalauréat, il intègre le Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris, où il suit les cours de grands noms comme Antoine Vitez et Michel Bouquet.
Les débuts de sa carrière sont marqués par des difficultés et des petits boulots. Il joue dans des cafés-théâtres et enchaîne les rôles insignifiants au cinéma et à la télévision. Sa silhouette ronde et son visage atypique ne correspondent pas aux canons de beauté de l'époque, ce qui lui vaut de nombreux refus.
La Rencontre avec Yves Robert et le Succès Populaire
Le tournant de sa carrière s'opère en 1975, lorsqu'il rencontre le réalisateur Yves Robert. Ce dernier lui offre un second rôle dans le film "Salut l'artiste". Sa performance remarquée lui vaut une nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle et marque le début d'une longue collaboration fructueuse avec le réalisateur.
En 1981, Jacques Villeret accède à la consécration populaire avec le film "La Chèvre", réalisé par Yves Robert et dans lequel il partage l'affiche avec Pierre Richard. Son interprétation de Marie-Sophie, un personnage lunaire et attachant, conquiert le public français et le propulse au rang de star.
Il enchaîne ensuite les succès avec des films comme "Le Dîner de Cons" (1998), "La Soupe aux Choux" (1981) ou encore "L'Été en Pente Douce" (1987). Son talent lui permet d'incarner avec brio des personnages drôles et touchants, oscillant entre comédie burlesque et émotion pure.
Un Acteur Complet et Polyvalent
Malgré son succès dans le registre comique, Jacques Villeret n'hésite pas à sortir des sentiers battus et à explorer des rôles plus dramatiques. Il livre ainsi des performances poignantes dans des films comme "L'Amour en Douce" (1985) d'Edouard Molinaro, "La Femme de ma Vie" (1986) de Régis Wargnier, pour lequel il remporte le César du meilleur acteur en 1987, ou encore "Malabar Princess" (2004) de Gilles Legrand.
Sa filmographie témoigne de sa capacité à se fondre dans des univers cinématographiques variés, allant de la comédie populaire au drame social en passant par le film d'auteur. Il collabore avec des réalisateurs de renom tels que Claude Lelouch, Bertrand Blier, Patrice Leconte ou encore Jean-Pierre Mocky.
Un Artiste Discret et Sensible
Derrière l'image joyeuse et bonhomme qu'il renvoie à l'écran, Jacques Villeret était un homme discret et secret, profondément marqué par une certaine timidité et une hypersensibilité. Il souffrait également de problèmes de poids et d'addiction à l'alcool, des démons contre lesquels il a lutté toute sa vie.
Malgré sa célébrité, il fuit les mondanités et préfère la simplicité d'une vie paisible. Il se retire souvent dans sa maison de campagne, loin des projecteurs et du tumulte parisien.
Un Héritage Cinématographique Inoubliable
Jacques Villeret nous quitte prématurément le 28 janvier 2005 à l'âge de 53 ans, des suites d'une hémorragie interne. Sa disparition soudaine suscite une vive émotion auprès du public français qui perd un artiste talentueux et profondément humain.
Il laisse derrière lui une filmographie riche et variée, composée de plus de 90 films et téléfilms. Son talent unique et sa sensibilité à fleur de peau continuent d'émouvoir et de faire rire des générations de spectateurs. Ses films, souvent rediffusés à la télévision, rassemblent toujours un large public, preuve que Jacques Villeret reste ancré dans le cœur des Français.
Filmographie Sélective
- 1975 : Salut l'artiste d'Yves Robert
- 1978 : Robert et Robert de Claude Lelouch
- 1979 : La Drôlesse de Jacques Doillon
- 1981 : La Chèvre d'Yves Robert
- 1981 : La Soupe aux Choux de Jean Girault
- 1983 : Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré
- 1985 : L'Amour en douce d'Edouard Molinaro
- 1986 : La Femme de ma vie de Régis Wargnier
- 1987 : L'Été en pente douce de Gérard Krawczyk
- 1998 : Le Dîner de Cons de Francis Veber
- 2001 : Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet
- 2004 : Malabar Princess de Gilles Legrand
Récompenses
- 1976 : Nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle pour "Salut l'artiste"
- 1987 : César du meilleur acteur pour "La Femme de ma Vie"