Édith Cresson, née le 27 janvier 1934 à Boulogne-Billancourt, est une figure majeure, quoique controversée, de la politique française. Elle est entrée dans l'histoire en devenant la première et, à ce jour, la seule femme à avoir occupé le poste de Premier ministre en France, sous la présidence de François Mitterrand, de mai 1991 à avril 1992.
Jeunesse et formation
Née Édith Campion, elle grandit dans une famille bourgeoise. Son père était haut fonctionnaire et sa mère, dentiste. Après des études secondaires brillantes, elle intègre l’École des Hautes Études Commerciales de Paris (HEC) dont elle sort diplômée en 1957. Cette formation la marque profondément et influencera sa vision de l'économie et du monde des affaires.
Débuts en politique
Son engagement politique débute dans les années 1970. Elle adhère au Parti Socialiste (PS) et gravit rapidement les échelons. Son dynamisme et son franc-parler la font remarquer. Elle est élue députée européenne en 1979, puis ministre de l'Agriculture en 1981 sous le gouvernement de Pierre Mauroy, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste.
Ministre du Commerce extérieur et du Tourisme
En 1983, elle est nommée ministre du Commerce extérieur et du Tourisme dans le gouvernement de Laurent Fabius. À ce poste, elle défend ardemment les intérêts économiques français et se forge une réputation de négociatrice redoutable. Elle promeut également l'image de la France à l'international.
Première Ministre : une année au pouvoir
Le 15 mai 1991, François Mitterrand la nomme Première ministre. Cette nomination historique est saluée par certains comme un symbole de progrès pour les femmes en politique. Son mandat est cependant marqué par des difficultés économiques, une montée du chômage et des tensions sociales.
Édith Cresson met en œuvre une politique axée sur la relance de l'économie et la lutte contre le chômage. Elle lance notamment un plan de soutien aux petites et moyennes entreprises et défend une politique industrielle ambitieuse. Cependant, ses initiatives ne parviennent pas à inverser la tendance et elle est confrontée à une forte opposition, tant au sein de son propre parti que de l'opposition.
Controverses et critiques
Le mandat d'Édith Cresson est également marqué par des controverses et des critiques. Son style direct et ses propos parfois tranchants lui valent des inimitiés. Elle est accusée d'autoritarisme et d'arrogance. Certaines de ses déclarations, notamment sur les habitudes de travail des Japonais ou l'homosexualité des Anglo-Saxons, sont jugées maladroites et provoquent des polémiques internationales.
Après Matignon : la Commission Européenne
Après la défaite de la gauche aux élections législatives de 1993, Édith Cresson quitte Matignon. Elle est nommée commissaire européenne chargée de la science, de la recherche et du développement technologique au sein de la Commission Delors. Elle occupe ce poste jusqu'en 1995.
L'affaire Cresson : accusations de favoritisme
Son passage à la Commission Européenne est marqué par l'« affaire Cresson ». Elle est accusée de favoritisme et de mauvaise gestion. La Cour des comptes européenne critique notamment l'embauche d'un ami dentiste comme conseiller scientifique. Bien qu'elle ait toujours clamé son innocence, cette affaire ternit son image et la contraint à démissionner de son poste de commissaire européenne.
Retrait de la vie politique et engagements ultérieurs
Après l'affaire Cresson, Édith Cresson se retire progressivement de la vie politique active. Elle continue néanmoins à s'exprimer sur des sujets de société et à défendre ses convictions. Elle s’engage notamment dans la promotion de l'égalité des chances et du rôle des femmes dans la société. Elle publie également plusieurs ouvrages, dont ses mémoires.
Héritage et postérité
L'héritage d'Édith Cresson est complexe et ambivalent. Elle reste la première femme Première ministre de France, un symbole fort pour l'égalité entre les femmes et les hommes en politique. Cependant, son mandat court et controversé, ainsi que l'affaire Cresson, ont terni son image. Malgré les critiques et les controverses, Édith Cresson demeure une figure importante de l'histoire politique française, dont le parcours et les combats continuent de susciter débats et réflexions.
Conclusion
Édith Cresson incarne les contradictions de la vie politique. Pionnière pour les femmes, elle a brisé le plafond de verre pour accéder au plus haut niveau de l'État. Mais son passage au pouvoir a été bref et tumultueux, marqué par des difficultés économiques et des polémiques. Son histoire, complexe et fascinante, nous rappelle que la politique est un terrain semé d’embûches, même pour celles et ceux qui osent défier les conventions.